Dans l’Enseignement catholique, on n’est pas neutres. Chacun affirme des convictions personnelles fortes. Le défi auquel nous sommes appelés est d’exprimer ces convictions sans nous rigidifier, pour continuer de croître et de nous convertir encore et encore.
À l’heure où la polarisation menace sans cesse, sur les réseaux sociaux, dans la vie politique comme dans la vie de l’Église, nous voulons affirmer des désaccords dans la durée sans nous enfermer dans des logiques binaires ou guerrières, sans chercher à l’emporter sur les autres, mais en nous rendant disponibles à la nouveauté qui peut naître d’une confrontation des expériences, des points de vue et des aspirations.
C’est une des leçons que nous tirons de la parabole du roi déçu dont la théologienne Marie-Laure Durand est venue parler en cette journée de rentrée des chefs d’établissement. Elle nous invite à une gouvernance qui soit une conversation avec les autres et le monde et qui prenne au sérieux la singularité et la temporalité de chacun. « Le Royaume de Dieu, écrit-elle, ressemble à un roi […] capable de supporter un refus et un désaccord. Assoiffé de dialogue et de rencontres. » (Le roi déçu : l’exercice compliqué de la gouvernance, Éditions du Cerf, p.83)
Nous y entendons un écho à la ligne défendue par le Pape François dans Un temps pour changer. « On résout des questions litigieuses par débordement, dit-il. Des percées se produisent, souvent à la dernière minute, conduisant à des rapprochements qui nous permettent d’aller de l’avant. Mais le “débordement” peut également signifier une invitation à changer nos façons de penser et nos points de vue, à nous défaire de notre rigidité et de nos intentions, et à explorer des endroits que nous n’avions jamais remarqués auparavant. »