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Marie CORNU-THENARD

La pédagogie inclusive de la Bible

Le numéro 3 du Maître intérieur consacré à « la Personne à l’école » paraîtra en janvier 2025. Pour vous aider à patienter, voici un extrait de son contenu.

NUMÉRO


2025

Et si on lisait la Bible à l’école ? C’est la proposition du parcours biblique, proposition qui ne tombe pas forcément sous le sens pour différentes raisons.

D’abord, cet épais volume n’est pas en tête du hit parade des lectures pour enfants… ni pour adultes d’ailleurs. Indigeste, difficile à comprendre et daté, il part avec un certain handicap…

Ensuite, il n’est pas toujours la priorité des catholiques, ni des non croyants.

Pour un catholique français, l’enseignement de la foi est souvent réalisé sous forme de « thèmes » : le Credo, la Trinité, les 7 dons de l’Esprit saint, les vertus. Bien sûr, ces thèmes s’appuient sur des textes bibliques, mais ce n’est pas la même chose d’étudier « le traitement de la passion amoureuse dans le Rouge et le Noir de Stendhal » et de lire le Rouge et le Noir !

Pour un non croyant, la contribution de la Bible au patrimoine culturel mondial est reconnue en théorie (de la chapelle Sixtine au Requiem de Fauré, des annonciations de Fra Angelico à la Sagrada familia et de Let my people go d’Armstrong à Rap God d’Eminem) mais dans les faits, le niveau de connaissance de la mythologie grecque par exemple, est infiniment supérieur à celui des personnages bibliques…

D’où vient donc cette situation étonnante ? Tout s’éclaire lorsqu’on se rend compte que la Bible, qui est avant tout une histoire palpitante, pleine de rebondissements… n’est jamais lue comme un récit. Ce qui a pour effet de la rendre incompréhensible. Un peu comme si on ouvrait Harry Potter, tome 4 page 57, qu’on en lisait un paragraphe et puis qu’on refermait le livre pour ouvrir ensuite Harry Potter tome 2, page 153. Difficile, avec cette méthode, de comprendre l’enchaînement des péripéties, et d’être saisi par le récit !

Depuis 2 ans, le parcours biblique est expérimenté dans une trentaine établissements en France : il consiste en une lecture commentée et interactive de la Bible en commençant par la Genèse. Les élèves sont d’âges variés (du CP jusqu’au lycée), d’origines sociales, de niveaux scolaires et de sensibilités religieuses multiples. Partout, le constat est le même : les élèves sont captivés, ne voient pas l’heure passer, retiennent l’intégralité de ce qui leur est raconté sans rien écrire, font preuve très rapidement d’une surprenante compréhension du texte, et peuvent approfondir leur relation avec Dieu au contact de la Bible.

Mais par quel mystère la Bible peut-elle à ce point convenir à tous ?


« Le fait de raconter une histoire capte l’attention bien plus facilement que des notions abstraites. »


Tout d’abord, l’objectif retenu, très circonscrit, est de lire et comprendre le texte en le situant d’un point de vue historique, géographique et en l’expliquant, un peu comme une étude de texte en français. En effet, la Bible a beau être traduite en français, c’est comme si nous lisions une langue étrangère tant ce texte ancien obéit à des codes différents des nôtres.

Pour cette raison, le parcours biblique peut être proposé indifféremment au titre de la culture chrétienne et dans le cadre de l’enseignement religieux. À noter que quand il est proposé au titre de l’enseignement religieux, il se déroule seulement sur une partie des séances car il doit être complété par des temps spirituels et sacramentels.

Ensuite, la pédagogie de la Bible et ses méthodes de transmissions traditionnelles sont étonnamment « inclusives ».

Avant tout, le fait de raconter une histoire capte l’attention bien plus facilement que des notions abstraites, permettant d’« accrocher » même des enfants qui ont des difficultés à se concentrer. Ensuite, suivant en cela l’antique usage, le choix a été fait de privilégier largement l’oralité : le premier contact avec l’univers extraordinaire de la Bible se fait par la médiation d’une personne, et non au contact du papier (il est évidemment souhaitable que les élèves aillent au texte écrit, mais dans un deuxième temps). Ce parti pris pédagogique a un bénéfice inattendu : il supprime la barrière de la lecture et de l’écriture pour les nombreux enfants qui ont des difficultés dans ce domaine jusque tard dans leur scolarité. Enfin, l’intention du parcours biblique est de donner des explications. Mais celles-ci sont apportées exclusivement en posant des questions aux élèves (c’est la raison pour laquelle les séances ont lieu en demi-groupe). Tout le cours est ainsi dialogué, comme une sorte de ping-pong entre la classe et les formateurs. Pourquoi? Les études sur la mémoire indiquent que l’on retient 20 % de ce que l’on entend contre 70 % de ce que l’on dit soi-même. Il est donc judicieux de donner au maximum la parole aux enfants! Or, ce choix pédagogique est particulièrement bénéfique pour les enfants hyperactifs qui peuvent intervenir fréquemment.

Appropriée pour des enfants croyants comme non croyants, pour des élèves au rendez-vous des standards scolaires ou en difficulté, la Bible est vraiment un chemin qui respecte le caractère unique de chacun, son rythme propre, tout en permettant de partir ensemble à sa découverte. N’attendez plus pour l’ouvrir !
Le parcours biblique est une proposition de l’association Bibliapedia.

Édito « Quelle liberté à l’école ? »

par Baptiste JACOMINO
« Quelques semaines après avoir été nommé pour la première fois chef d’établissement, je rejoins les élèves de Terminale de mon lycée à la campagne, pour la conclusion de deux journées de récollection qu’ils viennent de vivre. J’entre dans la salle où ils sont rassemblés. Ils sont debout. Ils discutent, ils rient. [...] »

Entretien avec Rémi Brague

par Géraldine MAUGARS
« Que tout homme, indépendamment de son sexe, de son statut social (libre ou esclave), de son appartenance au peuple élu ou non (Juif ou « grec »), ait reçu de son rachat par le sacrifice du Christ une dignité qu’il ne peut plus perdre, c’est ce que dit saint Paul (Galates, 3, 28). [...] »

Le bol de riz est-il obligatoire ?

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« Déléguée de tutelle des sœurs du Saint Sacrement, j’apprends au détour d’une conversation dans un établissement du second degré que le bol de riz sera obligatoire pour tous ceux qui mangeraient ce jour-là à la cantine. Les autres seraient donc tenus de manger à l’extérieur. [...] »